Logo
Imprimer cette page

A Scanner Darkly

A Scanner Darkly

(Richard Linklater, USA - 2006)

Mercredi 19 février 2014 à 20h

Salle Juliet Berto - Grenoble

En partenariat avec la Biennale CINEDUC 2014

Le programme complet de la 5è Biennale CINEDUC "Réinventer, au cinéma"
du 18 au 23 février 2014 est en fichier téléchargeable ci-dessous.

« Substance D... D.... D is for Dumbness and Despair and Desertion.
The desertion of your friends from you, you from your friends,
everyone from everyone.
Isolation and loneliness and hating and suspecting each other.
D is finally Death. Slow Death. From the head down. 
»

Richard Linklater : « En quoi la SF est devenue réelle. »
L’idée était de m’interroger, comme K. Dick, sur ce qu’est la réalité, mais aussi de réfléchir à ce qui, de la science fiction, est devenu réel aujourd’hui : Big Brother, les caméras de surveillance, les réseaux de traffic de drogue liés aux intérêts d’Etat. […]

Narration et schizophrénie. Le film est entièrement répété et tourné en prise de vues réelle, avec des acteurs connus, puis « refait », pusiqu’on peint par-dessus. Donc dans la fabrication, cela équivaut à faire deux films. Ce n’est pas indifférent, évidemment, puisque dans Substance mort, la nouvelle de Philip K. Dick, l’identité du personnage de Bob alias Fred (Keanu Reeves) est un véritable kaléidoscope : c’est un agent des stups qui se fait passer pour quelqu’un d’autre pour enquêter, mais lui-même, parce qu’il se drogue, souffre du dédoublement de la personnalité… Ce qui m’intéréssait, c’était de rendre cinématographique de cette dissolution de l’identité, par exemple le flash-back sur la famille de Bob, qui n’est peut-être qu’un hallucination. Or un film d’animation réalisé de cette manière, ça paraît presque réel, mais l’autre partie de votre cerveau sait que c’est peint. C’est cette contradiction permanente, cette gymnastique du cerveau qui m’intéréssait.[…]
Entretien paru dans Les Cahiers du cinéma, n° 615 (Septembre 2006), p. 27.

D, ce pourrait être aussi pour « Dream » (rêve) tant A scanner darkly, dans toute l’inconstance de ses traits, semble perpétuer la fascinante mélancolie de l’inconscient. Loin de n’être qu’une habile technique déployée avec ruse, Richard Linklater a bel et bien réalisé un des plus intéressants films de science-fiction de ce siècle, adapté de façon personnelle et imaginative mais aussi, pour la première fois, fidèle, de l’œuvre de K. Dick.
D, ce pourrait être aussi pour Doute tant le film poursuit une réflexion complexe sur l’image cinématographique critique et expression du doute, sous ses formes les plus psychotiques et paranoïaques. Ce doute, paradoxal puisque s’exprimant plastiquement comme esthétiquement par des principes constants et inéluctables (constance qui aura parfois épuisé ou lassé les journalistes cannois), fera de A scanner darkly le digne héritier de Kafka (comme on aime à le comparer à K. Dick). La recherche par l’individu d’une place dans la société se transformera peu à peu en quête identitaire levant le voile sur l’isolation, le désespoir, la solitude du monde moderne.
A Scanner darkly n’est donc pas un film de science-fiction, ni un brûlot contre les drogues, mais une quête existentielle, maquillée par le drame et la comédie, qui remonte à l’origine de l’homme, à l’image du titre du film. Celui-ci prend source dans la première épître de Paul aux Corinthiens dans le Testament (Chap. 13, verset 12) : « Aujourd’hui nous voyons au moyen d’un miroir d’une manière obscure (“we see in a mirror darkly”), mais alors nous verrons face à face. » Le film est donc cette réflexion sur l’image, le miroir, le reflet, la réalité, l’identité, Dick interrogeant la prémonition de Paul : Peut-on voir au-delà du miroir ? Ou à travers celui-là ? Faut-il briser le miroir ? Ou briser l’image même ?
[Extrait de l'article de Daniel Dos Santos en fichier téléchargeable ci-dessous] 

Dernière modification ledimanche, 16 février 2014 11:54

Media

Galerie d'images

©2015 Le Ciné-Club de Grenoble