Ben Hur

Mercredi 1er octobre 2014, 20h:
Ouverture de la saison
Ben-Hur (William Wyler, USA - 1959)
Salle Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)
En partenariat avec l'Université de Grenoble
 
Rangé au panthéon des films mythiques, Ben-Hur marqua le point culminant de la carrière de William Wyler: avec ses onze Oscars et ses quatorze millions d’entrées en France, l’œuvre fut l’une des dernières grandes démonstrations de la démesure hollywoodienne de l’âge d’or des Studios.
 
L'épic à l'américaine dont Ben-Hur, tant celui de William Wyler que celui de Fred Niblo, reste le prototype n'est pas purement et simplement assimilable au "péplum" spécialité latine. Il a ses enjeux propres, ses thèmes, ses figures de style. S'il est souvent proche d'une esthétique néo-classique ou saint-sulpicienne, s'il applique des règles de raccourci scénaristique qui, pour ne pas étonner Hollywood, ont fait régulièrement grincer les dents des historiens les plus pointilleux, l'épic est souvent plus intelligent, plus subtil ou plus divertissant que sa réputation le laisserait entendre.
Jean A. Gili et Christian Viviani, Introduction au dossier "L'Antiquité à Hollywood". Positif, n° 468 (Février 2000).
 
Trente-quatre ans après Fred Niblo, William Wyler s’attaque à son tour au roman de Lew Wallace. Il bénéficie d’un budget considérable, de la couleur et du grand écran, pour réaliser ce fastueux film d’aventures. Excellent directeur d’acteurs et habile metteur en scène de drames psychologiques, Wyler eut la chance d’êre parfaitement secondé : Richard Thorpe dirigea les magnifiques scènes navales ; Andrew Marton et Yakima Canutt, deux vétérans du genre, mirent trois mois pour tourner la course de chars, dont la stupéfiante beauté mérite à elle seule de ne pas manquer le film. Une occasion pour rappeler, à ce sujet, que Sergio Leone, à qui on a souvent attribué la paternité de cette séquence, n’en était que l’assistant… La qualité de l’interprétation, de Jack Hawkins à Cathy O’Donnel, sans oublier naturellement le couple antagoniste Charlton Heston, Stephen Boyd, contribue à la réussite du film et à l’émotion que l’on peut ressentir en le revoyant. Aujourd’hui comme il y a trente ans, « Ben Hur » demeure un superbe spectacle.
André Moreau, Télérama, n° 2554 (23 décembre 1998).

 

 

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La Vie de Brian

Mercredi 8 octobre 2014, 20h
Monty Python: La Vie de Brian
Monty Python's Life of Brian 
(Terry Jones, GB - 1978)

Salle Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)
Il faut être anglais pour plaisanter ainsi, en démarrant sur l’évangile et en embrayant sur les homosexuels, les juifs et les groupuscules révolutionnaires. La Vie de Brian est un savoureux et explosif petit antidote à des tas de ces choses de la vie moderne qu’on rencontre dans la rue et qu’on lit dans nos journaux.
P.-L. T. Positif, n° 230 (Mai 1980), p. 77.
 
Monty Python, ainsi s’appelle un groupe d’assez incroyables zozos britanniques qui pratiquent, comme d’autres de leurs compatriotes le cricket, ce sport très anglais qui consiste à caracoler dans le « non-sensique » pour nous culbuter dans le fou-rire. Naturalisé américain, ce genre de comique très particulier a donné le toujours insurpassable et toujours délectable Helzapoppin, et plus près de nous, Woody Allen et Mel Brook. Naturalisé français, ça s’est appelé Pierre Dac et les Branquignols, de plaisante mémoire – et puis après, le désert (Tati et Etaix cultivent un comique d’un autre ordre).
Jean-Louis Bory, Rectangle multiple. Cinéma VII, 1975-1976.
Coll. 10-18, Union Générale d’Editions, p. 146.
Un sacré scandale
Pensant que les réactions seront moins hostiles qu’en Angleterre, où les groupes de pression religieuses ont manifesté leur colère dès le début du tournage du film, la production décide de sortir La Vie de Brian d’abord aux Etats- Unis, en août 1979. Mais les dignitaires américains des différents religions ne tardent pas à réagir : le Rabbin Hecht déclare ainsi «Je serais fou de joie si ce film retournait là même où il a été produit : en EnferLa Vie de Brian est également condamné par les Eglises protestante et catholique, un représentant de cette dernière considérant comme un «péché» le fait d’aller voir le film. Ces exhortations ont surtout pour effet de susciter la curiosité des spectateurs, et le film connaît un grand succès public.
Lors de la sortie du film en Grande-Bretagne en septembre 1979, une association baptisée Festival of light tente d’empêcher le film d’obtenir un visa d’exploitation, mais elle ne parvient pas à ses fins. Le film sera cependant interdit dans certaines municipalités. Le film sera interdit en Norvège pendant quelques mois, en Irlande jusqu’en 1987, et en Italie jusqu’en 1990. Dix ans plus tard, et dans un registre différent, un autre film mettant en scène Jésus, La Dernière tentation du Christ de Martin Scorsese déclenchera des réactions plus violente encore. [...]
Fiche Cinéma [s] LE FRANCE
 

 

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Printemps, été, automne, hiver... et printemps

 

Mercredi 15 octobre 2014, 20h
Printemps, Eté, Automne,
Hiver... et Printemps

(Kim Ki-duk, Corée - 2003)
Salle Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)
En partenariat avec les XVIIIè Rencontres "Ethnologie et Cinéma"
Quatre prix au Festival de Locarno 2003 - Prix du public au Festival de San Sebastian 2003
 
Présentation du film par la chaîne ARTE (17 octobre 2007)
Sur un lac aux eaux calmes, perdu au fond d’une vallée encaissée, se trouve un petit temple flottant. Un vieux maître zen et son disciple, un petit garçon, y vivent en harmonie avec la nature. Le passage des saisons rythme les différents cycles de la vie du jeune moine. Au printemps survient la perte de l’innocence. L’été accompagne l’éveil du désir et de la passion, qui consument les sens et égarent les esprits. En automne explosent la violence et la destruction. L’hiver est l’âge de la raison et de la rédemption. Puis arrive un nouveau printemps, celui de la sagesse et de la transmission : le disciple est devenu maître à son tour.
Printemps, été, automne, hiver… et printemps est une fable épurée sur les différentes étapes de la vie, marquée par des joies et des épreuves menant peu à peu vers la sérénité. Ni réellement méditative ou contemplative, elle frappe tout d’abord le spectateur par sa splendeur visuelle. Réalisateur à part dans le paysage cinématographique sud-coréen, Kim Ki-Duk est un esthète convaincu, venu étudier l’art à Paris au début des années 1990, où il fut également peintre. Tourné dans un cadre naturel d’une exceptionnelle beauté, le site du lac de Jusan, ce parcours initiatique est parsemé de détails étranges, tel un chat dont la queue sert soudain de pinceau, ou des portes qu’aucun mur ne soutient. Cette tonalité légère et surréaliste tempère le symbolisme d’un film où se retrouvent les thèmes de prédilection du cinéaste : l’omniprésence de l’eau (L’île, The Coast Guard, L’arc), des personnages marginaux, parlant peu (Locataires), ou l’opposition entre un monde moderne violent et une nature isolée source d’apaisement. Acteur pour la première fois dans un de ses propres films, Kim Ki-Duk interprète le moine parvenu à l’âge de la maturité.

Entretiens avec le réalisateur
     Votre film fait-il référence à des épisodes personnels ?
Pas le moins du monde. C'est un film sur les valeurs de la culture bouddhique, qui imprègnent tous les Coréens, qu'ils soient ou non pratiquants. Tous sont marqués par cette idée que le bonheur s'obtient moins par les conquêtes matérielles que par les choses de l'esprit. Ce concept hante tous mes films, donc il m'habite, mais moi je ne suis pas bouddhiste, je suis chrétien, protestant. Le seul rapprochement que l'on pourrait faire avec ma vie, c'est l'image de l'hiver. Car en fait, j'ai changé ces dernières années, et particulièrement en tournant le film. C'est lui qui a déteint sur moi. Depuis, je suis dans le détachement. Je préfère recevoir des coups qu'en donner.
     Vos personnages sont toujours en marge du monde...
Cette perception de mes films m'étonne. A mes yeux, un pauvre, un voyou, une prostituée sont des êtres humains comme les autres. Je n'ai pas du tout le souci de faire de la critique sociale. Et si je les filme dans une île, au milieu d'un lac ou perdus dans les montagnes, ce n'est pas du tout pour les isoler, car, métaphoriquement, ces lieux représentent la société. Mais ils sont souvent encerclés par l'eau ! J'en conviens. Pourquoi suis-je revenu dans ce type de décor ? Avez-vous remarqué qu'ici, au milieu de ce lac, le temple flotte ? J'aime l'idée qu'en pivotant, il se tourne tour à tour dans les quatre directions, nord, sud, est, ouest. Donc qu'il brouille les repères.
Seule l'eau permet de figurer cette liberté, ces changements de direction qu'une vie peut opérer. Les hommes sont à l'image des poissons que j'ai placés dans le film : enfermés dans un bassin ou en liberté dans la nature, ils sont toujours enserrés dans un paysage cosmique. L'infiniment petit dans l'infiniment grand.
     Que signifient les inscriptions que l'assassin, par châtiment, doit graver sur le plancher du temple ?
 C'est le Banyashimgyeung, l'un des textes du bouddhisme. L'important n'est pas tant dans le contenu de ce texte que dans l'épreuve qui consiste à en graver un à un les caractères dans le bois, avec un couteau.
Je peux vous dire que c'est très dur, car c'est moi, avec l'équipe, qui ai dû les sculpter pour les besoins de la scène. Cet exercice dissipe peu à peu la haine que l'on peut avoir en soi.
Propos recueillis par Jean-Luc Douin, Le Monde (14 avril 2004).

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Les voyages de Sullivan

  • Publié dans Unique
Mercredi 22 octobre 2014, 20h
 
Dans le cadre d'une soirée consacrée à la Comédie américaine
Les Voyages de Sullivan / Sullivan's Travels 
(Preston Sturges, USA - 1942)
Salle Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Cinq raisons de (re)voir Les voyages de Sullivan

A la fois comédie sociale sur l'Amérique des déclassés et mise en abîme lucide du cinéma hollywoodien, Les Voyages de Sullivan de Preston Sturges reste une pièce maîtresse dans l'histoire du septième Art. Il ressort aujourd'hui en salles. Courez-y!
Plongée au coeur de la misère américaine
Les Voyages de Sullivan est sorti en 1941. Il raconte les déboires de John L. Sullivan, un réalisateur de comédies à succès d'Hollywood. Après la projection d'un film social, le cinéaste décide de changer de registre et de mettre en scène des drames afin de rendre compte de la misère humaine. Pour mener à bien son nouveau projet, Sullivan qui ne connaît que la vie facile des stars, décide de se faire passer pour un vagabond et vivre ainsi aux côtés de tous les oubliés de l'American dream...
Rire ou ne pas rire ?
A travers ce chemin de croix d'un cinéaste adepte du rire qui décide de faire des films "sérieux" afin d'éveiller les consciences, le cinéaste Preston Sturges - auteur de comédies lui-même - pose un regard ironique sur son métier. Sullivan va en effet se rendre compte que les miséreux ont surtout besoin de rire pour surmonter une vie difficile. Sturges ouvre d'ailleurs son long métrage avec cette dédicace très explicite: " À la mémoire de ceux qui nous ont fait rire (...) les clowns, les bouffons, de tous temps et de tous pays, dont les efforts allégèrent un peu notre fardeau, ce film est dédié."
Sacralisation du cinéma
Les voyages de Sullivan contient l'une des plus belles séquences du cinéma... sur le cinéma! Suite à un quiproquo, Sullivan se retrouve bagnard. Un soir, il assiste avec ses compagnons d'infortunes à une projection dans une chapelle. Les fidèles, tous afro-américains, entonnent alors un chant religieux pour accueillir les prisonniers. La solennité du moment laisse bientôt place à un concert de rires tandis que sur l'écran est projeté un dessin animée. Sullivan d'abord surpris se laisse finalement porter par le divertissement. Pour la première fois de ses voyages le voilà enfin en communion totale avec ces "pauvres gens" dont il ne connaissait rien. Frisson garantie.
Les Voyages de Preston Sturges
La carrière de cinéaste de Preston Sturges fut brève: 12 longs métrages entre 1940 et 1955. Avant de mettre les pieds à Hollywood, l'homme a eu mille vies. Ballotté au gré des rencontres de sa mère, Sturges - né à Chicago en 1898 - sera tour à tour: parisien (il étudia au Lycée Janson de Sailly), fabricant de cosmétiques, militaire, inventeur sans grand succès puis auteur de pièces de théatre à Broadway, scénariste oscarisé à Hollywood et enfin réalisateur. Digne descendant des maîtres de la comédie américaine: Frank Capra et Ernst Lubitsch, Preston Sturges a signé des classiques du genre: The lady Eve (1941), Infidélement vôtre (1948) ou encore Mamzelle Mitraillette (1949). Sa carrière se termine en France avec Les carnets du major Thompson (1955). Il meurt dans un relatif anonymat, 4 ans plus tard, à New York.
Veronika Lake et ... Joel McCrea
Si le rôle titre est interprété par Joel McCrea, c'est la présence au générique de Veronica Lake qui focalisa tous les regards lors de la promotion. L'actrice iconique connue pour sa longue chevelure blonde lui masquant une partie du visage, est mise en avant jusque sur l'affiche qui montre une représentation graphique de sa silhouette. Une silhouette qui servira de modèle notamment à la plantureuse pin-up de Qui veut la peau de Roger Rabbit? (1988). Quant au plus confidentiel Joel McCrea, outre ces Voyages de Sullivan et plusieurs films de William Wyler dont Rue sans issue (1937), il est impérial en cowboy vieillissant dans Coups de feu dans la Sierra de Sam Peckinpah (1962).
                                            Thomas Baurez [Studio Ciné Live, 15 février 2013].

 

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Vol au dessus d’un nid de coucou

Mercredi 29 octobre 2014, 20h
 
Dans le cadre du cycle "Folies ordinaires"

Vol au-dessus d'un nid de coucou
One flew over the cuckcoo's nest

(Milos Forman, USA - 1975)

Salle Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Le cycle "Folies ordinaires"
La naissance du cinéma et celle de la psychanalyse sont contemporraines. Les frères Lumière et Sigmund Freud ont révolutionné, à la fin du XIXè siècle, l’approche de la réalité. Les surréalistes ne s’y sont pas trompés qui ont célébré l’étude de l’insconcient et la fréquentation des salles obscures. L’expérience du rêve avec ses libres associations a été comparée à juste titre avec la capacité du montage à faire coexister des mondes en apparence hétérogènes. Dès 1913, Léonce Perret a fait de l’hypnose l’un des thèmes majeurs du Mystère des roches de Kador,et, en 1919, Le Cabinet du Dr Caligari de Robert Wiene ouvre la voie à la peinture de la folie dont vont se saisir le cinéma expressionniste allemand, et plus tart, le cinéma hollywoodien.

« Cinéma et folie » Dossier réuni par Michel Ciment et Floreal Peleato
Positif, n° 581/582 (Juillet-Août 2009).

Le Dr Patrice Baro, psychiatre au CHU de Grenoble, interviendra après la projection des quatre films du cycle en co-animation avec le C.C.C. offrant ainsi deux axes de lecture et d’échange, le cinéma et la médecine.

Le film dans l'oeuvre de Milos Forman
Deuxième film étatsunien de Milos Forman, après Taking off, Vol au-dessus d’un nid de coucou s’inscrit au cœur des années 70, alors que le roman éponyme de Ken Kensey date des années 1960. Ayant vécu l’expérience de l’enfermement, on pourrait imaginer que le Tchèque Milos Forman tenait là l’occasion de régler ses comptes avec un système qui l’avait conduit à l’émigration : l’hôpital psychiatrique comme figure de l’emprise totalitaire et de la surveillance généralisée, la rééducation pour les mal pensants...

Jack Nicholson, acteur

Avant Shining, et de manière beaucoup plus complexe, le grand rôle de la folie est bien sûr celui de Vol au-dessus d’un nid de coucou. Rôle passionnant parce que contenant, dans sa logique même, une réflexion sur l’inteprétation de la limite, de l’ambigüité, des signes du dérègment. Nicholson y joue un condamné qui, pour échapper à la prison, fait mine d’être mentalement dérangé ; et ni l’institution psychiatrique ni les spectateurs ne savent très bien ce qu’il en est, au moins dans la première moitié du film. L’acteur joue donc la folie, mais peut-ête aussi quelqu’un qui joue la folie… Le rôle renvoie ainsi à ce qui fait la réputation même de l’acteur, cette incertitude qui flotte autour du comportement, cette opacité des signes, cette ambivalence de l’expression. Comme une pointe extrême, le personnage de McMurphy qu’il incarne dans le film de Forman renvoie aux premiers rôles fondateurs, mais encore à tous ceux qui, plus tard, accréditeront un certain cabotinage. Il en est l’alpha et l’oméga, celui qui les légitime et celui qui les relativise, ouvrant la brèche de l’interprétation et des ses marges, c’est-à-dire de tout ce qui se situe aux frontières de la normalité. […]

Vincent Amiel, Positif, n° 581/582 (Juillet/Août 2009), p. 16-18.

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